Cependant, si l’on craint que de cette action il ne résulte une tristesse pire et un mal plus grand, on s’abstient. C’est ce qui d’ailleurs permet à P. Macherey de traduire timor par « angoisse ». Le paradoxe est alors que la joie peut être malsaine, en nous berçant dans l’illusion, et la tristesse saine, en nous poussant à la réflexion. Ils s’en prennent également au réalisme des politiques qui, se résignant aux vices, s’emploient à les gérer et à les utiliser, ayant de fait compris l’efficacité de la crainte. Or, nous savons que l’espoir comporte comme la sécurité une inéluctable dimension de tristesse. Or, dans tous les cas, la peur suppose la crainte comme « tristesse inconstante née de l’idée d’une chose future ou passée de l’issue de laquelle nous doutons en quelque mesure ». Retrouvez les citations et proverbes les plus célèbres de Baruch Spinoza. L’intérêt majeur de ce dernier est de tromper les hommes et d’appeler religion la crainte qui permet de les maîtriser, en faisant qu’ils se battent pour leur servitude comme s’il s’agissait de leur salut, c’est-à-dire de leur liberté. L’objet de la philosophie politique est de trouver la meilleure forme d’État possible, celle qui est censée assurer le plus grand bonheur du peuple. Dès le Traité théologico-politique, la question est posée comme celle du ressort affectif qui meut la multitude, engendrant la superstition, mais qui est aussi le ressort de l’autorité. Liste des citations de Baruch Spinoza sur peur classées par thématique. Baruch Spinoza - La peur ne peut se passer de l’espoir et l’espoir de la peur. Vous allez recevoir un mail avec un lien de connexion automatique. Il en résulte un certain comportement en quoi consiste le vain culte adressé à des fictions, produites par l’imagination déchaînée dans une âme en proie à des passions tristes. 576 citations de Spinoza. 23Si l’homme ne choisit pas de vivre en société, car cela appartient à sa nature, cette socialité n’est cependant pas un accord parfait, mais un jeu de passions et de conflits, dont il faut saisir le mécanisme. 2L’espoir est « une joie inconstante née de l’idée d’une chose future ou passée de l’issue de laquelle nous doutons en quelque mesure »3. Par extension, il s’agit d’une quantité dotée d’une consistance, mais sans forme déterminée qui donne lieu à une force aveugle, qui est une force d’inertie. Toutefois, dans la quatrième partie, traitant de la vie affective et de la servitude qui en procède, Spinoza distingue entre la crainte et la peur. Qui est Baruch Spinoza?Découvrez sa biographie, ses oeuvres ainsi que ses meilleures citations.Baruch Spinoza, également connu sous les noms de Bento de Espinosa ou Benedictus de Spinoza, né le 24 novembre 1632 à Amsterdam, mort le 21 février 1677 à La Haye, est un philosophe hollandais dont la pensée eut une influence considérable sur ses contemporains et nombre de … Il est à noter que les philosophes en question ne sont rien d’autre que les éducateurs superstitieux dont parle l’Éthique. Mieux vaut transformer une religion d’amour et de liberté en culte de la haine et de la servitude en jouant sur la crainte des masses. L’homme superstitieux c’est celui dont l’objet du désir est constitué par des biens incertains et qui, ne pouvant face au danger trouver un secours dans sa raison, a recours à un secours fictif externe qu’il pose comme cause tant de son infortune que d’un possible retour de sa bonne fortune. Retrouvez toutes les citations de Baruch Spinoza parmi des citations issues de discours de Baruch Spinoza, d'articles, d'extraits de livres et ouvrages de Baruch Spinoza. Proverbe peur - Les 22 plus beaux proverbes sur peur. La paix est-elle ce que l’État peut imposer par n’importe quel moy… C’est aussi ce qui explique que les révolutions sont nuisibles : tout mouvement de masse suppose en effet une tyrannie intérieure qui conduit nécessairement à remplacer une tyrannie pas une autre. 27 févr. Sep 6 2015. By Angel • citation courte, citation du courage et de l'espoir, citation espoir, citation peur • 0 • Tags: Baruch Spinoza, courte, du courage et de l'espoir, espoir, peur. Ce qui fait d’elle un moyen tout aussi redoutable qu’efficace pour gouverner la multitude. Aussi, dans cet extrait du Traité politique paru en 1677, Spinoza se demande ce que signifie vivre en paix pour un peuple. Baruch Spinoza. 26Si donc les philosophes ont fait jusque-là une satire plutôt qu’une éthique et n’ont pu donner des préceptes qui le plus souvent ne sont guère applicables, cela tient à ce qu’ils ont eu peur de la multitude au sens précis où la peur est « un désir d’éviter un mal plus grand, que nous craignons, par un moindre ». 2 Éthique III, Définitions des affects, XIII, XXXIX. Jean-Marie VAYSSE, « Spinoza et le problème de la peur : metus et timor », Philonsorbonne [En ligne], 6 | 2012, mis en ligne le 04 février 2013, consulté le 20 janvier 2021. Tout mouvement de masse serait donc par nature monarchiste, car il désire la servitude et reste tenu par la superstition. 3Spinoza aborde ces questions dans le cadre de l’analyse de la projection temporelle de l’affectivité. Notion arithmétique, elle implique des effets physiques de masse. Liste des citations de Baruch Spinoza sur peur classées par thématique. L’évaluation de l’intérêt ne procède donc pas de la raison et le jugement de valeur est purement affectif, les critères demeurant tout à fait précaires et les évaluations incertaines. C’est d’ailleurs pour éviter cet excès que l’on a entouré la religion d’un culte et d’un appareil institutionnel, permettant de lui donner un poids dans l’opinion et d’en faire un objet de respect, rendant impossible le doute, procurant donc une sécurité qu’il n’y a pas dans la crainte, mais paralysant le jugement. Ce concept est introduit dans la Préface pour expliquer la superstition, qui sert à gouverner la multitude en régime monarchique en exploitant la crainte naturelle de masses qui ne sont pas gouvernées par la raison. Aussi convient-il de gérer cette crainte en l’inversant et en faisant en sorte que ce ne soit pas le pouvoir qui ait à craindre les masses, mais les masses qui aient à craindre le pouvoir, au point de se résigner à la tyrannie par peur du pire. Il a su en effet montrer « de quelle imprudence la masse fait preuve alors qu’elle supprime un tyran, tandis qu’elle ne peut supprimer les causes qui font qu’un prince devient un tyran, mais qu’au contraire, plus le prince a de sujets de crainte, plus il y a de causes propres à faire de lui un tyran, ainsi qu’il arrive quand la multitude fait du prince un exemple et glorifie un attentat contre le souverain comme un haut fait »11. Si l’avare vit dans la hantise de la pauvreté, il n’accumule son trésor que pour conjurer sa peur de devenir pauvre en finissant par mener une vie de pauvre, au sens où Marx dira du thésauriseur que « saint ascète juché sur sa colonne de métal, il est le martyr de la valeur d’échange ». Or, pour déterminer la superstition, il faut répondre à la question : qui est le superstitieux ? 17Au début de son Traité politique, Spinoza dénonce ceux qui, faute d’une éthique, font une satire. Lorsque l’Éthique IV, LXXIII, dit que le sage est plus libre dans la cité, cela ne veut pas dire que celle-ci garantisse une liberté absolue, mais que la vie politique en est une condition. Or, c’est à ce niveau que la crainte se spécifie en peur. Retrouvez toutes les phrases célèbres de Baruch Spinoza parmi une sélection de + de 100 000 citations célèbres provenant d'ouvrages, d'interviews ou de discours. 9Bien évidemment, la crainte s’alimente de l’espoir : l’avare espère s’enrichir davantage, l’ambitieux espère toujours plus de gloire et l’envieux toujours plus de malheur pour l’autre. La peur ne peut se passer de l'espoir et l'espoir de la peur. Il y a là comme une sorte de cran d’arrêt de la logique passionnelle. 30 citations pour positiver. La peur ne peut se passer de l'espoir et l'espoir de la peur. 22 citations pour votre recherche : Proverbe peur - Les 22 plus beaux proverbes sur peur Page 1 sur un total de 2 pages. Peur citations. On est frappé de stupeur en ce sens que nous concevons le désir d’écarter le mal comme réduit par l’étonnement, et flottant en ce sens que ce désir est réduit par la peur d’un autre mal qui nous tourmente également. 25Le Traité politique conçoit le droit naturel comme puissance de la multitude, droit du nombre, non au sens arithmétique, mais au sens d’un jeu de forces. Ce processus aboutit au monothéisme, où il n’y a plus qu’un seul Dieu transcendant, maître absolu de toutes choses, donnant lieu à un système théologico-politique. Cette peur est aussi donc peur de l’autre et de l’altérité en général. La multitude est une notion quantitative, beaucoup plus indifférenciée, impliquant néanmoins l’idée de multiplicité non organisée et donc plus difficilement maîtrisable. Si on peut donc dire, envers et contre tout, que nul ne va à l’encontre de la raison en obéissant à la loi de la cité, encore faut-il expliquer jusqu’où va le droit de la cité. Cite . Jean-Marie VAYSSE, « Spinoza et le problème de la peur : metus et timor », Philonsorbonne, 6 | 2012, 137-149. Son oeuvre est tant morale que politique ou religieuse. Discover our research outputs and cite … Baruch Spinoza - … À la fin du scolie, Spinoza dit que puisque « en tant que nous espérons ou craignons quelque chose, nous l’aimons ou l’avons en haine », il en résulte que « tout ce que nous avons dit de l’amour et de la haine, chacun pourra aisément l’appliquer à l’espoir et à la crainte ». On peut même aller jusqu’à dire qu’à ce niveau la crainte est un réflexe et qu’elle devient relativement sécurisante, dans la mesure où elle n’exclut pas un horizon d’espoir et où ces deux affects sont collectifs. Spinoza critique la théorie cartésienne de la glande pinéale et des esprits animaux, telle que Descartes la développe dans les Passions de l’âme. Baruch Spinoza - Citations En ce qui concerne les actions humaines, je me suis soigneusement efforcé de ne pas railler, ne pas pleurer, ne pas même détester, mais de comprendre. S’il faut émanciper les hommes de la superstition et des peurs qui la rendent possible, il reste qu’un pouvoir doit dans une certaine mesure gérer la crainte et l’utiliser dans certains cas pour se faire respecter et être efficace. 6Si, en effet, chacun juge, selon son affection, de la chose comme bonne ou mauvaise, cette affection « par laquelle l’homme est disposé de telle sorte qu’il ne veut pas ce qu’il veut ou veut ce qu’il ne veut pas, s’appelle la peur ». 10 La crainte des masses, Paris, Galilée, 1997. C’est pourquoi Machiavel a voulu aussi montrer « combien la population doit se garder de s’en remettre de son salut à un seul homme qui, s’il n’est pas vain au point de se croire capable de plaire à tous, devra constamment craindre quelque embûche et par là se trouve contraint de veiller surtout à son propre salut et au contraire de tendre des pièges à la population plutôt que de veiller sur elle »12. 31 déc. La différence ne peut alors se faire que par des affects spécifiques qui sont des modes de temporalisation de la joie et de la tristesse selon le passé et l’avenir. Or, si le doute est une suspension du jugement, il n’est pas, comme chez Descartes, un acte de liberté, mais une incertitude provenant du flottement de l’imagination, un état psychologique d’inquiétude. Si l’on enlève le doute, on a la sécurité comme « joie née de l’idée d’une chose future ou passée au sujet de laquelle il n’y a plus de cause de doute » et le désespoir comme « tristesse née de l’idée d’une chose future ou passée au sujet de laquelle il n’y a plus de cause de doute »6. Veuillez trouver 2 formats d'image classique noire : une petite image et une grande image. La proposition XLVII de l’Éthique III confirme : « les affects de l’espoir et de la crainte ne peuvent êtres bons par eux-mêmes ». 22Comme le montre E. Balibar, cette crainte doit s’entendre au double sens de la crainte qu’il faut inspirer aux masses pour les maîtriser et de la crainte que les masses peuvent inspirer, lorsqu’elles ne craignent plus rien10. La révolution anglaise en fut la preuve et la révolution orangiste de 1672 donnera une fois de plus raison à Spinoza. L’avarice est un désir immodéré des richesses, qui en elles-mêmes ne sont pas un mal. Veuillez trouver 2 formats d'image classique colorée : une petite image et une grande image. - Une citation de Baruch Spinoza. A l’égard toutefois de ce principe : je doute, je pense, donc je suis, il import. Spinoza en donne trois illustrations : pour l’avare, le meilleur est l’abondance d’argent, et le pire, la pauvreté ; pour l’ambitieux, le meilleur est la gloire et le pire la honte ; pour l’envieux, le meilleur est le malheur d’autrui et le meilleur et son bonheur, le pire pour autrui. Tel est le point précis de l’articulation du théologique et du politique, se donnant notamment à décrypter dans le régime monarchique. Quant à l’envie, elle est une sorte de haine, c’est-à-dire « une tristesse qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure », qui, si elle est toujours mauvaise, joue un rôle essentiel dans l’intersubjectivité, la vie économique et la vie politique, pouvant même affecter le rapport à Dieu compris comme un rapport personnel8. Le tour de force du régime monarchique, son génie propre, c’est de rendre la servitude volontaire et de substituer à l’amour de la liberté, celui des chaînes. La certitude de savoir ce que l’on veut demeure subjective et exige de se plier à des conditions tout aussi contingentes qu’aliénantes. Le bien est une joie associée à des choses qui remplissent notre attente, alors que le mal est une tristesse associée à des choses qui déçoivent notre attente. De même l’ambitieux, pour éviter la honte, préfèrera la réserve à la gloire. Pour chaque citation ou référence, nous indi-quons le tome (en chiffres romains) et la page. 24Le rapport des masses à la crainte est alors un problème politique essentiel. Le scolie de la proposition XXXIX de l’Éthique III nous dit que l’homme « est ainsi disposé qu’il ne veut pas ce qu’il veut ou veut ce qu’il ne veut pas ». Les philosophes font une satire ou construisent des utopies. Il apparaît que l’État doit d’abord redouter un danger intérieur, celui de la multitude, alors assimilée au peuple, du fait d’un processus historique qui fait que le peuple devient masse. Citations similaires : Dans les citations ci-dessous vous trouverez des citations similaires à la citation de Baruch Spinoza (La peur ne peut se passer de l'espoir et l'espoir de la peur. La mort n’est en fait qu’une transformation d’un corps en un autre. La plus longue citation de Baruch Spinoza est : Rien ne peut être plus conforme à la nature d'une chose que les individus de la même espèce, et conséquemment rien ne peut être plus utile à l'homme.. Baruch Spinoza. Il résulte de là que nous interprétons les choses qui sont causes d’espoir ou de crainte comme de bons ou de mauvais présages, qui sont eux-mêmes causes de joie ou de tristesse. Citations de Baruch Spinoza. C’est ainsi que nous sombrons dans la peur qui fait que de deux maux redoutés, nous finissons par espérer le moindre, sans avoir cependant la moindre certitude. Le Traité théologico-politique distingue le peuple, qui est l’ensemble des citoyens dans le régime démocratique, le vulgaire, qui est la foule ignorante, et la plèbe, qui est la masse de ceux qui sont soumis à des dirigeants. La notion de multitude permet d’unifier la plèbe et le vulgaire. ), contenant les termes : passer, espoir et espoir. Citations dans La cité de la peur (film/série), Réplique La cité de la peur sur Personne, Citation de Pierre de Coubertin sur Sport, Citation de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais sur Rire, Citation d'Antoine de Saint-Exupéry sur Espoir, Citation de Jacques Sternberg sur Espoir, Citation de Dominique Wolton sur Communication, Citation de Jacques Sternberg sur Janvier, Citation de Jean-Jacques Thibaud sur Vie, Citation de Jean-Paul Sartre sur Litterature, Citation de Gibran Khalil Gibran sur Nuit. Spinoza appuie sa démonstration sur la proposition LXIII qui dit que « qui est dirigé par la crainte et fait ce qui est bon pour éviter un mal, n’est pas conduit par la raison ». Du point de vue de l’image, une chose est identique qu’elle soit présente, passée ou future. Il convient toutefois de distinguer ces constructions philosophiques et théologiques des préjugés du vulgaire, sur lesquelles elles reposent néanmoins et auxquelles elles ne font que donner de fait une légitimation théorique. Ces préjugés se ramènent à un seul qui fait que les hommes supposent que les choses de la nature agissent comme eux en vue d’une fin. Il se peut alors que le remède soit pire que le mal, dans la mesure où on a recours à l’espoir de l’immortalité comme durée après la mort. Les phrases célèbres de citation Baruch Spinoza 4 Voir sur ce point Deleuze qui dit que Spinoza « va si loin que, jusque dans l’espoir, dans la sécurité, il sait retrouver cette graine de tristesse qui suffit à en faire des sentiments d’esclaves ». Spinoza souligne que, pour paraître moraux, ils s’emploient alors à détester les hommes, semblant du même coup suggérer que leur attitude est plus hypocrite que le cynisme des politiques, qu’ils légitiment subrepticement ou à leur insu. La première étape est le fétichisme, où les choses sont en elles-mêmes divines, suivi du polythéisme où sont imaginés des démiurges manipulant le monde à leur gré et dont les hommes cherchent à s’attirer les faveurs par un culte. 14Or, la crainte fondamentale est la crainte de la mort, car elle est non seulement la plus forte, mais aussi la toile de fond et le destin de toutes les passions. 21Or, la superstition concerne tous les hommes (l’exemple retenu par Spinoza dans le Traité théologico-politique n’est pas le vulgaire, mais Alexandre) : tous les hommes y sont assujettis, car ils sont tous en proie à des passions tristes. À la fin du scolie de la proposition XXXIX, Spinoza écrit : « Enfin, si le désir d’éviter un mal futur est réduit par la peur d’un autre mal, de façon qu’on ne sache plus ce qu’on veut, alors la crainte s’appelle consternation, principalement quand l’un et l’autre maux dont on a peur sont parmi les plus grands ». La peur ne peut se passer de l'espoir et l'espoir de la peur. Si le malade absorbe une potion amère par peur de la mort, l’homme sain se satisfait de la nourriture ; de même celui qui juge, non par haine ou colère, mais par amour du bien commun, rend un verdict raisonnable. 130 citations de Baruch Spinoza - Ses plus belles pensées Citations de Baruch Spinoza Sélection de 130 citations et phrases de Baruch Spinoza - Découvrez un proverbe, une phrase, une parole, une pensée, une formule, un dicton ou une citation de Baruch Spinoza issus de romans, d'extraits courts de livres, essais, discours ou entretiens de l'auteur. Ce qui caractérise la superstition c’est qu’elle domine les hommes et que cette domination dure aussi longtemps que la crainte. La meilleure citation de Baruch Spinoza préférée des internautes. Le champion de l’éternité semble ainsi n’accorder aucune place centrale à une réflexion sur la mort, à la critique des craintes qu’elle inspire et aux remèdes pour les dissiper, contrairement à ce que faisait Épicure, par exemple, dans la Lettre à Ménécée. 27Spinoza rejette ainsi l’alternative du pessimisme et de l’optimisme et c’est pourquoi il salue en Machiavel le plus pénétrant des penseurs politiques, même si la fin qu’il vise n’est pas claire. LUCRÈCE (v. 94-55 av. La superstition résulte donc d’une attitude réactive reposant sur la crainte qui est aux antipodes de la vertu : faire le bien ce n’est que fuir le mal, en guidant les hommes par la crainte. C’est ainsi que « l’homme éprouve par l’image d’une chose passée ou future la même affection de joie et de tristesse que par l’image d’une chose présente »5. Les philosophes ont, quant à eux, forgé des utopies et un homme idéal qui n’est qu’une fiction. Il convient alors de considérer que les affects ici considérés sont des vices du fait de leur caractère immodéré ou excessif. La joie de l’espoir est inconstante, car elle est liée à la crainte de la déception. Or, ce préjugé s’explique du fait que les hommes naissent ignorants des causes des choses et qu’ils désirent ce qu’il leur est utile en en étant conscients. Citation de Baruch Spinoza 39 : Qui a quelqu’un en Haine s’efforcera de lui faire du mal, sauf s’il a peur qu’en naisse un […] L’ambition est un désir immodéré de la gloire, qui en est même peut être une aspiration légitime de la raison. Une citation est une phrase sortie de son contexte. Nous utilisons ces présages comme des moyens pour parvenir à ce que nous espérons ou pour éviter ce que nous craignons. Cette phrase possède 15 mots. La raison nous apprend que les choses singulières finies sont périssables, car leur essence n’enveloppe pas leur existence, de sorte qu’il n’est pas davantage possible d’en déduire ce qui leur retire l’existence, car l’existence et sa cessation dépendent de l’interférence d’une multiplicité de séries causales indépendantes. Spinoza se pose en penseur du bonheur, pas seulement personnel, mais aussi social et politique (contre les préjugés, l’obscurantisme et la superstition) La peur introduit ainsi dans la crainte une dimension stratégique de calcul d’intérêt qui se phénoménalise comme une anxiété. Dans la mesure où la mort est inéluctable et indubitable, elle annihile tout espoir et du même coup la peur consistant à espérer entre deux maux le moindre. Point donc n’est besoin de diviniser les rois, car cela risque toujours de finir par les diaboliser. Enfin, la satisfaction est une joie qui ne fait que nous soulager comme le remords de conscience est une tristesse qui nous apporte la petite joie de la mortification. La définition XLII des affects nous dit que celle-ci « se dit de celui dont le désir d’éviter un mal est réduit par l’étonnement du mal dont il a peur ». Le destin de la révolution c’est la terreur suivie de la restauration. Toutefois, la peur interdit ici cette stabilisation du fait de l’étonnement et du flottement, qui font qu’en définitive l’individu ne peut plus penser à autre chose qu’à l’idée de l’objet qui l’obsède. 16La superstition procède ici d’une pratique pédagogique : les superstitieux sont des éducateurs qui, au lieu de guider les hommes vers la raison, cultivent la crainte et le calcul propre à la peur, en stigmatisant les vices au lieu d’enseigner la vertu. 1 Issu d’une communication effectuée le 1er avril 2009 dans le cadre du séminaire Spinoza à la Sorbonne, ce texte, qui a été revu par Jean-Marie Vaysse avant sa disparition, est publié avec l’aimable autorisation de sa mère. Lorsque l’Éthique parle du vulgus qui est le vulgaire, la foule, c’est-à-dire les ignorants, le terme a un sens gnoséologique : c’est l’illusion anthropomorphique et téléologique, et l’ignorance renvoie à l’imagination et au premier genre de connaissance. AccueilNuméros6VARIASpinoza et le problème de la peur... L’objectif de l’article est d’analyser le rôle des affects de crainte, de peur et d’espoir dans la vie collective des individus et la constitution de l’État pour montrer comment la politique de Spinoza repose sur une physique des forces et une chimie des passions. Les proposition 39 à 44 portent en particulier sur les sentiments en retour : « en retour » au sens de ce que les sentiments d’autrui à notre égard font naître en nous en retour, par « réplication ». C’est donc cet obscur objet de la crainte qu’il convient d’analyser. Dès lors, n’importe quoi peut devenir objet de crainte. Ce qui caractérise la superstition est sa diversité et sa variabilité, le seul trait commun étant qu’elle est soutenue par des passions tristes, au premier chef desquelles se trouve la crainte. C’est ainsi que s’enclenche le mécanisme de la superstition, résultant que l’on ne fait le bien que par crainte du mal. Pas besoin de mot de passe. En ce sens, les prêtres et les devins sont plus avisés que les philosophes et meilleurs politiques : ils sont ceux qui assurent la projection de la superstition vers l’avenir. L’avare est obsédé par son trésor et vit dans la peur de le perdre, comme l’ambitieux obsédé par la gloire vit dans la peur de la honte, et l’envieux obsédé par le malheur d’autrui vit dans la peur de son bonheur. Les conséquences théologico-politiques de cette pratique sont considérables. En fait, la mort n’est pas quelque chose d’existant, mais un défaut d’existence et son idée ne peut être que l’imagination obsessionnelle de quelque chose qui n’existe pas. 12La proposition L de l’Éthique III affirme que « une chose quelconque peut par accident être cause d’espoir ou de crainte ». 1 Issu d’une communication effectuée le 1 er avril 2009 dans le cadre du séminaire Spinoza à la Sorbon ; 2 Éthique III, Définitions des affects, XIII, XXXIX. 19Le culte s’inscrit ainsi dans une logique de l’alternative de l’espoir et de la crainte, la volonté divine n’étant alors que « l’asile de l’ignorance ». Étant eux-mêmes tristes et malheureux, ils veulent que les autres soient comme eux et assoient leur autorité sur la crainte. 13Telle est la source des superstitions combinant espoir et crainte, qui nous font aimer ou haïr des présages et instituent un culte des signes positifs, des bons présages, auxquels nous sommes portés à croire et que nous aimons. Il s’agit de l’espoir, de la crainte, de la sécurité, du désespoir, de la satisfaction et du remords de conscience. Nous sommes ici dans le cas où nous ne savons plus que choisir, entre la peste et le choléra, et qui donne lieu à une sorte d’affolement, selon la traduction que Macherey donne du terme consternatio. Or, c’est l’inverse qui se produit ici : nous commençons par craindre le mal selon le calcul d’intérêt de la peur, pour espérer parvenir à un bien qui, n’étant qu’une assurance survie, ne fait que nous empoisonner la vie. Sages et ignorants sont d’abord des catégories éthiques et, sur le plan politique, tous deux font partie de la multitude, distincte du peuple et se rapprochant de la masse et de la foule. ... de peur sans doute de passer pour disciples des païens. En effet, la plasticité de la superstition est double : non seulement elle peut métamorphoser ou changer ses objets, mais elle peut aussi se travestir aisément en religion. La satisfaction comme « joie qu’accompagne l’idée d’une chose passée arrivée inespérément » réfute le désespoir, alors que le remords de conscience comme « tristesse qu’accompagne l’idée d’une chose passée arrivée contrairement à notre espoir » réfute l’espoir7.

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